Le silence rêgnait dans la forêt ce matin là. Même les criquets se taisaient et les oiseaux avaient cessé de chanter depuis quelques jours déjà. Une tranquillité telle que la mort elle-même s'y serait sentie mal à l'aise de venir y chercher les âmes des défunts. Les froids de l'hiver qui approchait se faisaient sentir à travers les landes et tous se préparaient à leur façon à affronter la dure saison à venir. Tous ... sauf un !!!
En effet le petit être, qui fût si souvent confondu avec des gobelins qu'il commençait à se demander s'il n'était pas un cousin éloigné de ceux-ci (personne n'a jamais entendu parler des "Gunars des cavernes" bien sûr comme il se décrit lui-même lorsqu'on lui pose la question), s'était réfugié de la pluie au pied du plus gros chêne qu'il eût été possible de trouver lorsque la nuit le surpris plus tôt qu'à son habitude. Les journées se raccourssissaient de jours en jours ... se refroidissaient de nuits en nuits .... et ce silence hivernal qui s'installait rendant Gunar triste et mossade comme à chaque année. Blottis contre deux racines et bien installé dans une étroite crevasse que la pluie avait pu creuser au fil du temps, il n'avait toutefois pas fermé l'oeil de toute la nuit. Sous la couverture épineuse qu'il s'était donné tant de mal à improviser lors du crépuscule de la veille, il était hanté par les songes de son passé, songes dont il s'était juré de laisser derrière lui, en vain. Sa vie d'aujourd'hui le satisfaisait pleinement et il n'était plus seul à nouveau, mais il gardait toujours une amère nostalgie en repensant à ses premiers amis de la surface dont il avait perdu la trace lors un voyage il y avait maintenant de celà 4 saisons. Ceux qui fûrent un peu comme la famille de sa nouvelle vie depuis qu'il avait quitté Ombre-terre par erreur 3 automne passés.
À vrai dire, on ne pouvait pas vraiment affirmer que la petite bête grise ai déjà eu une famille puisqu'il avait été abandonné à son sort dans les terres d'Ombre-terre alors qu'il n'était encore qu'un bambin. Seul depuis si longtemps que la créature n'en avait gardé aucun souvenir et nul ne vint jamais le réclamer. Aucun de son sang ne remonta jamais les paliers afin de voir si l'enfant handicapé avait survécu parmis tout le mal qui habitait les lieux. Seul dans un vaste monde de cruauté où la ruse est primordiale si la force ne peut l'emporter, vivant sans même réaliser qu'il n'était peut-être pas le seul de son genre parmis les créatures des profondeurs et ayant pour seule compagnie celle des insectes car tous le reste représantait une menace. Il survécu jour après jour, nuit après nuit, et ce dans la plus grande solitude qu'Ombre-terre pouvait lui offrir en cadeau. Il s'en fût ainsi jusqu'à ce qu'un jour arriva où il fût sauvé par une femelle lésard, une bête gigantesque mesurant 15 pieds de long sans en compter la queue, lorsqu'il n'avait qu'une dizaine d'années. Jamais il ne su pourquoi elle s'était ruée sur l'araignée géante qui s'apprêtait à le rapporter dans son antre, l'attrapant d'une seule morsure empoisonnée pour ensuite déchiqueter l'insecte à l'aide de ses deux rangées de dents, chacune tout aussi pointue que la pointe d'une dague affutée. La bête semblait l'avoir adopté pour une raison que l'enfant ne découvrirait probablement jamais mais il se sentit redevable et resta sous la tutelle de l'énorme créature jusquà ce qu'elle ne se réveilla plus, morte pendant leur sommeil blottis l'un contre l'autre 16 ans plus tard.
Les 20 années qui suivîrent fûrent de loin les plus longues et les plus insupportables qui sois. Seul à nouveau et après avoir gouté tout de même à une certaine sorte de compagnie pendant un temps. Il sentait un mal inconnu qui grandissait dans les profondeurs d'Ombre-terre poussant même quelques maisons Drows à se rapprocher de plus en plus de la surface et forçant Gunar à user de la discrétion jusqu'à ce que ça en devienne son mode de vie. Vivant dans la peur et la solitude la plus profonde, la petite créature se cachait en permanence en se nourrissant de temps en temps des champignons et des restes que laissaient parfois des patrouilles d'elfes noirs qui allaient et venaient fréquemment. Gunar s'ennuyait. Son amie écailleuse lui manquait terriblement et il ne se sentait plus nul part en sécurité à l'exception des quelques rares moments où il réussissait à s'endormir assez profondément pour la retrouver dans ses rêves. Du moins dans ceux qui n'était pas encore envahis par la peur et les tourments.
SAVE (à suivre)
Lun 13 Oct - 0:44